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SPEEDBALL 14 : Cauchemar

 SPEEDBALL 14

Mesdames, Messieurs,
MalgrĂ© l'hystĂ©rie ambiante, vous ne rĂȘvez pas, le SPEEDBALL N°14 sur le thĂšme « CAUCHEMAR » est opĂ©rationnel ! AprĂšs l’éprouvante traversĂ©e de cette accĂ©lĂ©ration temporelle en rĂ©alitĂ© artificielle, le collectif de dessinateurs Punk/HĂ©rĂ©tique vous propose, enfin, ses mauvais songes cloutĂ©s. Les machines furent lancĂ©es avant la terreur dĂ©sodorisante, puis complĂ©tĂ©es pendant et aprĂšs. Les sujets abordĂ©s, prĂ© guerre virologique, collent encore parfaitement Ă  notre prĂ©sent altĂ©rĂ©. Le quotidien s’étant infectĂ©, voici une ordonnance falsifiĂ©e de remĂšdes et pansements douteux sales et toxiques pour le cortex sensoriel moteur. Alors que la dĂ©mence comateuse est au beau fixe, nous vous proposons un assortiment graphique paranormal et paramĂ©dical afin de bruyamment mais sĂ»rement redevenir raisonnable !

96 pages couleurs 8 euros + 4 euros de frais de port.

SPEEDBALL 14

Quelques Extraits :

Arnaud S. Maniak :

Arnaud S. Maniak Protéger et servir Speedball14


BenoĂźt Pellerin :

BenoĂźt Pellerin A Nightmare on LaREM Street Lenny's Revenge Speedball14


Gwen Tomahawk :

Gwen Tomahawk Captivité Salariale  Speedball14


JessX :

JessX Sperm X-Tractor Speedball14

Laurent Fenoglio :

Laurent Fenoglio Speedball14

Max Clem :

Max Clem Commando 21 Speedball14


Olivier Laude :

Olivier Laude Allez tous vous faire foutre !  Speedball14

Pat Pujol :

Pat Pujol Trompe la mort Speedball14
Pierre Bunk :

Pierre Bunk L'appel Speedball14

The end

13 avril 2021 Ă  23:24
Par : Tom

AprĂšs 7 ans de plus ou moins bons et loyaux services, l’aventure Rad-Yaute s’arrĂȘte ici.

Je maintiendrai la page pendant un certain temps. Si jamais un contenu vous intĂ©resse, servez-vous ou faĂźtes-moi signe (rad-yaute@mailoo.org) – par ailleurs je suis toujours Tom Rad-Yaute sur un certain rĂ©seau social un peu connu.

Lorsque j’écrirai, ce sera sur le trĂšs chouette webzine collectif Rictus.info.

A plus, ici ou là – portez-vous bien.

Tom

After seven years of more or less good and loyal services, the Rad-Yaute adventure is ending here and now.

I’ll keep the site active for some time. I f you’re interested in some of the content, well, help yourself or give me a shout (rad-yaute@mailoo.org) – and I’m still Tom Rad-Yaute on a certain somewhat well-known social networks.

When I’ll be writing, it will be for the awesome collective webzine Rictus.info.

See you here or there – and take care of youself.

Tom

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RIP : Post

7 février 2021 à 18:45
Par : Tom

Romain FrĂ©lier-Borda est un garçon bien occupĂ©. Romain FrĂ©lier-Borda joue dans tout un tas de groupes ou de projets dont on reparlera dĂšs que possible. Mais avant ça, il y a longtemps, Romain a jouĂ©, un peu de tout, dans un projet Ă©phĂ©mĂšre nommĂ© Post. Et ce projet-lĂ  t’écharpe mĂ©chamment les oreilles. Basse massive et distordue, batterie appuyant ses coups, voix monocorde et hargneuse. Ambiance dansante et dĂ©sespĂ©rĂ©e, dub crĂąmĂ©, relents de Public image limited qui traĂźnent. Quatre titres qui ne font pas rire du tout pour un EP qui n’existe qu’en format numĂ©rique et qui s’écoute immĂ©diatement ici.

Ca valait bien un repost.

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Sun stabbed, « In girum imus nocte et consuminur igni Â» LP

1 février 2021 à 10:00
Par : Tom

Duo de guitares Ă©lectriques grenoblois qui a toute une vie derriĂšre lui mais dĂ©couvert avec ce disque. Trois plages sonores oĂč des motifs minimaux se dĂ©ploient, dĂ©rivent, s’interpĂ©nĂštrent, mutent et se mĂ©langent lentement. OĂč leurs spectres s’étirent, se diluent, se dĂ©composent. Distortion suspendue en eau profonde. Abstrait mais lisible.

Sun stabbed, In girum imus nocte et consuminur igni LP (Doubltful sounds)

>>>>>>>>> DOUBTFUL SOUNDS

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Nevraska, « I left work on my way home December 1st, 1955 Â»

31 janvier 2021 Ă  09:42
Par : Tom

On n’arrĂȘte Nevraska pas comme ça. MalgrĂ© une conjoncture pas franchement favorable, le duo annecien garde la tĂȘte froide, contourne les obstacles, joue serrĂ© et prĂ©sente son deuxiĂšme album en temps et en heure (pas franchement comme cette chronique qui a mis bien du temps Ă  venir). PlacĂ© sous le signe du mouvement des droits civiques US (le bus, Rosa parks), ce nouveau disque est emballĂ© dans une fort jolie pochette en forme d’hommage Ă  la fois Ă  un certain groupe post-hardcore suĂ©dois et au graphisme classique des disques de jazz. JĂ©rĂ©my – dit « Kick Â» – a remplacĂ© Cyril derriĂšre les fĂ»ts mais comme il jouait auparavant dans Human side avec Pascal (basse), on reste en famille.

Changement dans la continuitĂ©, donc, et on retrouve sans peine sur ce disque la formule explosive et cinĂ©matographique qui fait tout le sel et le charme du duo. Joutes rythmiques de haut-vol, tir nourri, rĂ©pĂ©titions qui font monter une Ă©lectricitĂ© affolante et te traversent de part en part, magnifiĂ©e par le son Ă  gros grain forgĂ© dans le studio de Serge Morattel. Les samples – souvent des enregistrements de voix, rĂ©cits, monologues – font contrepoint et donnent aux morceaux leur caractĂšre narratif. Un peu comme une hybridation sous les auspices de Doppler et de Microfilm, en quelques sortes.

Mais « I left work on my way home December 1st 1955 Â» rĂ©serve aussi son lot de surprises. Des invitĂ©s apportent leur touche et diversifient la palette. Sur le morceau d’ouverture aux accents Ă©mo-rock, « Nothing to live with the law, c’est la voix de Benjamin Prieur – qui avait Ă©tĂ© un temps pressenti pour ĂȘtre le chanteur du groupe mais qui est surtout celui de Nurse, autre groupe trĂšs marquant issu du mĂȘme coin. Le duo s’essaye Ă  un morceau dĂ©licat et noisy – « A bit more Â» – avec une colonne vertĂ©brale Ă©lectronique et un chant fĂ©minin aĂ©rien. Des gerbes d’un saxo Ă©tranglĂ© jaillissent sur le final furieux de « Hornet vision Â», une guitare bluesy qui fait « Interlude Â» et porte le rĂ©cit de Rosa Parks et un chant parlĂ© (bon, ok, c’est moi
) sur le final de « Invisible walls Â» – morceau ultra efficace et absolument imparable en concert. Dans le sillage des expĂ©rimentations de Human side, Nevraska concrĂ©tise un peu plus les envies d’ouverture affichĂ©es depuis ses dĂ©buts.

Loin du lyrisme, des poses ou du formalisme convenu qui sĂ©vissent dans les scĂšnes post-hardcore ou post-punk, Nevraska est un groupe libre, qui ne prend ses ordres de personne et n’aspire qu’à faire une musique vivante et vibrante – ou des « ziks cools Â», comme le dit Pascal avec son sens de la formule lapidaire. « Vous voyez la rage ? Vous voyez la jubilation ? Vous les trouvez difficilement compatibles ? Et pourtant
 Â» dit encore le texte de prĂ©sentation de l’album
 Ce programme, Nevraska le tient parfaitement. Fonce dĂ©couvrir cette pĂ©pite qui crĂ©pite.

Nevraska, I left work on my way home December 1st 1955 (GabuRecords, Urgence disk, AprĂšs vous records)

>>>>>>>>>> NEVRASKA

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Convulsif, « Extinct Â» LP

14 novembre 2020 Ă  23:42
Par : Tom

Toujours se mĂ©fier de ce qui est estampillĂ© mĂ©tal ou affiliĂ© et qui vient de Suisse, ils ont une tradition d’excellence dans le genre. Le nom de Convulsif ne cessait de revenir – que ce soit dans la programmation de Cave12 ou dans celle de l’excellente asso Drone to the bone (que la nostalgie finira par rendre mythique) – mais ce n’est qu’avec ce cinquiĂšme album que je les dĂ©couvre vraiment. Ca fait un bout de temps que des groupes pratiquent ces musiques tout en les faisant sortir du format rock pour les emmener sur des terrains beaucoup plus ambitieux, un peu comme si elles Ă©taient entrĂ©es dans une pĂ©riode de maturitĂ©. Morceaux dĂ©passant rĂ©guliĂšrement les dix minutes, influence des musiques jazz ou contemporaine parfois, croisements audacieux. Comme leurs collĂšgues de label, HEX, Convulsif est de cette trempe-lĂ .

Chez Convulsif, c’est un violon et une clarinette basse qui font face au traditionnel basse-batterie et qui, autour d’un axe rythmique fĂ©roce, sculptĂ©, volontiers rĂ©pĂ©titif et minimaliste, dĂ©ploient leurs figures. En ouverture de l’album, « Buried in one Â» fait ainsi dĂ©filer des plages bruitistes dans une sorte d’écriture syncopĂ©e vraiment frappante, tandis que les notes tenues de « Five days of open bone Â» viennent s’enrouler sur une basse aux aguets dans une montĂ©e presque post-rock – mais, chez Convulsif, le post-rock vient se fracasser sur une vague furieuse oĂč le quatuor fait la dĂ©monstration de toute la brutalitĂ© dont il est capable. La machinerie atteint des dimensions franchement stratosphĂ©riques sur le tournoyant « The axe will break Â». Aussi bien, Convulsif ne dĂ©daigne pas pour autant le format coup de poing comme sur « Feed my spirit side by side Â» oĂč la basse et ses coups de butoir rythmĂ©s comme des frappes de boxeurs sont Ă  l’honneur, ni les dingueries hybrides, les rythmiques monstrueuses et concassĂ©es qui finiront par se destructurer tout Ă  fait de « Torn from the stone Â» et « Surround the arms of revolution Â». On pense tout Ă  tour Ă  John Zorn, Ă  Noxagt, Ă  Morkobot.

Dans ce thĂ©Ăątre fracturĂ©, le groupe se montre totalement maĂźtre des temporalitĂ©s qu’il impose, tantĂŽt dĂ©ployĂ©es Ă  l’infini, tantĂŽt brutalement repliĂ©es sur elles-mĂȘmes, comme au coeur d’une dĂ©charge de foudre. Un champ de perturbations magnĂ©tiques fascinant dans lequel il Ă©tait grand temps d’entrer.

Convulsif, « Extinct Â» LP (Hummus records)

>>>>>>>>>> CONVULSIF

>>>>>>>>>> HUMMUS RECORDS

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L’OrchidĂ©e cosmique, « M87 Â» EP

5 novembre 2020 Ă  10:00
Par : Tom

VĂ©ritable fourmi de l’underground pas du tout du genre Ă  rester inactive – il n’y a qu’à voir sa liste infinie de concerts annulĂ©s depuis mars dernier -, L’OrchidĂ©e cosmique a profitĂ© du 1er confinement pour enregistrer ce nouvel EP. Dispo en version numĂ©rique sur son bandcamp, c’est l’inoxydable label genevois Urgence disk qui en sortira la version CD. Nouveau voyage interstellaire, donc, en 4 titres qui permettent de revisiter ou de dĂ©couvrir son univers musical. Apesanteur presque irrĂ©elle avec « Les Dauphins Â», gros riff Ă©pique de « The Green thing Â», ambient futuriste de « Cumulus Â» ou « Cirrus Â» cinĂ©matographique, L’OrchidĂ©e prĂ©fĂšre toujours le trait net et clair et continue Ă  dessiner minutieusement les contours du post-mĂ©tal cotonneux, presque pop, qui n’appartient qu’à lui. A dĂ©couvrir.

>>>>>>>>>> L’ORCHIDÉE COSMIQUE

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Bleu russe « Serrures et palmiers Â» LP

22 octobre 2020 Ă  23:10
Par : Tom

Si j’avais Ă©tĂ© plus rapide et qu’on Ă©tait encore en Ă©tĂ©, j’aurais dit que ce disque – sorti en fĂ©vrier dernier sur le label auvergnat Petrol chips – Ă©tait la bande-son idĂ©ale d’un air viciĂ©, le gĂ©nĂ©rique des faux-semblants, l’antidote Ă  un soleil trompeur. David Litavicki – soit la moitiĂ© du trĂšs recommandable duo grenoblois Churros batiment – s’y laisse aller Ă  12 compositions aussi hĂ©tĂ©roclites et instables que ton humeur. Easy-listening Ă  la dĂ©rive, rap-rock pour black-bloc en crise, sans oublier une veine un peu surrĂ©aliste/kafkaĂŻenne (« Les blattes Â») qui est une de ses marques de fabrique. Bleu russe bricole des images brutes, fabrique des mĂ©taphores au fer Ă  souder, colle les rimes Ă  la truelle. Un paradis artificiel de mots, une ballade azimutĂ©e au cours de laquelle on croise autant les fantĂŽmes de Gainsbourg que ceux de rappeurs crĂąnes ou hagards et qui vaut franchement le dĂ©tour.

Bleu russe « Serrures et palmiers Â» LP (Petrol chips records)

>>>>>>>>>> BLEU RUSSE

>>>>>>>>>> PETROL CHIPS RECORDS

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« Etat d’urgence visuel Â» : une interview de Johanna Perret

9 juin 2020 Ă  16:33
Par : Tom

La dĂ©couverte marquante de son travail m’a donnĂ© envie de prolonger la rencontre avec la plasticienne Johanna Perret en lui envoyant quelques questions. Cette interview a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par mail durant la pĂ©riode de confinement du printemps 2020.

Le monde s’est arrĂȘtĂ©, le temps est suspendu. Nous sommes confinĂ©s chez nous depuis maintenant plus d’un mois Ă  cause de l’épidĂ©mie de COVID-19. Comment vis-tu cette pĂ©riode si particuliĂšre ?

PlutĂŽt bien, trĂšs bien mĂȘme. En tant qu’artiste, je suis en quelque sorte une confinĂ©e volontaire permanente, je ne vis donc pas cela comme un choc social.

Le confinement Ă  ceci de positif, il me libĂšre complĂštement des obligations du quotidien, le temps peut ainsi s’étirer Ă  l’infini. Cette dĂ©connexion permet de s’immerger totalement dans des questionnements relatifs Ă  l’infinie variabilitĂ© des nuances, au rapport entre le motif et le format, Ă  l’immanence lumineuse de la couleur
etc.

Aussi, je vous invite chaleureusement Ă  aller visiter le site http://tribew.fr/lesamisdesartistes/. C’est un groupe de soutien aux artistes plasticien.ne.s touchĂ©.e.s financiĂšrement par la crise covid-19. Ce collectif a Ă©tĂ© crĂ©Ă© durant le confinement par des personnalitĂ©.e.s du monde de l’art : galiĂ©riste, critique, commissai, etc. Des ventes en ligne sont organisĂ©es pour soutenir les artistes privĂ©.e.s de revenus et non Ă©ligibles aux aides gouvernementales (30% des ventes sont versĂ©s dans un fond de solidaritĂ©). Vous pouvez accĂ©der Ă  toutes les Ɠuvres en vente via le #lesamisdesartistes. Les Ɠuvres Ă  moins de 500€ sont sous : #lesamisdesartistes500. On s’organise!

Ton exposition Ă  l’Angle, – « Soluble Â» – vient de se terminer. Je crois que toutes les piĂšces de cette exposition ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es pour l’occasion
 Est-ce-que c’est un moment particulier, la fin d’une exposition ?

Pour moi, non, c’est plutĂŽt un moment relevant purement du pratico-pratique, c’est-Ă -dire qu’il faut emballer les toiles, organiser un transport et trouver un nouvel endroit de stockage dans l’atelier. C’est plutĂŽt le vernissage qui tient du moment particulier car c’est l’aboutissement d’un cycle de travail souvent long et les jours prĂ©cĂ©dents sont toujours intenses.

La vallĂ©e de l’Arve est un peu le « personnage central Â» de « Soluble Â». Est-ce-qu’il y avait chez toi dĂšs le dĂ©part une volontĂ© de faire un art en prise directe avec le monde qui t’entoure ou est-elle venue progressivement ?

Pas du tout ! Au dĂ©but, j’étais plutĂŽt tournĂ©e vers la figure humaine et sa reprĂ©sentation. Le travail sur la vallĂ©e est une consĂ©quence directe du problĂšme de la pollution de l’air. Cette recherche a dĂ©butĂ© en 2016-17, durant notre triste record du plus grand nombre de jours passĂ©s en alerte pollution maximum (36 jours). A cela s’était ajoutĂ© un brouillard Ă©pais et teintĂ© de reflets inhabituels. C’est Ă  ce moment-lĂ  que j’ai senti une sorte d’urgence Ă  Ă©tablir un Ă©tat des lieux visuel de ce qui Ă©tait en train de se produire. Il faut aussi prĂ©ciser qu’à cette Ă©poque le problĂšme Ă©tait une rĂ©elle omerta. Ce positionnement environnemental est toujours prĂ©sent dans mon travail, Ă  travers la question de la disparition du paysage, mais maintenant mes prĂ©occupations sont nettement plus picturales.

Il y a Ă©videmment un aspect conceptuel dans ton travail, une rĂ©flexion sur la reprĂ©sentation, mais j’ai Ă©tĂ© frappĂ© par son accessibilitĂ©, sa lisibilitĂ©. Est-ce-que c’est quelque chose qui est important pour toi ?

L’accessibilitĂ© de l’art est importante pour moi, bien sĂ»r. Mais ce n’est pas cela qui guide mon travail, c’est-Ă -dire que je ne me dis pas en peignant « il faut dĂ©velopper un concept qui soit accessible Ă  tous Â», ça c’est de l’éducation, pas de l’art.

Toutes tes peintures sont rĂ©alisĂ©es Ă  la peinture Ă  l’huile. C’est un parti-pris d’opter pour ce mĂ©dium au temps d’exĂ©cution assez long ?

Oui et non.

Non, car j’ai toujours peint Ă  l’huile depuis l’enfance. Ma mĂšre Ă©tait une peintre amatrice et elle ne travaillait qu’à l’huile et Ă  l’encre (qui est mon autre mĂ©dium de prĂ©dilection). J’ai donc naturellement commencĂ© Ă  peindre Ă  l’huile, pour moi cela relĂšve de l’évidence.

Et oui, car pour travailler les transparences, rien n’égale l’huile
 ! De plus, l’huile est bien plus indulgente que l’acrylique, elle autorise le repentir. Avec elle, on a deux ou trois jours devant soi pour changer d’avis ou rectifier une nuance, c’est un luxe.

Je crois Ă©galement qu’il y a une part autobiographique, gĂ©nĂ©alogique, dans ton travail, puisque tu viens d’une famille de dĂ©colleteurs. Peux-tu nous parler un peu de ta relation Ă  ce mĂ©tier et au rĂŽle qu’elle a jouĂ© dans ton travail artistique ?

En art, tout est toujours autobiographique, on ne parle bien que de ce que l’on connaĂźt profondĂ©ment.

Cette part gĂ©nĂ©alogique est arrivĂ©e par surprise. Je pense que l’influence qu’a pu avoir ce mĂ©tier dans ma maniĂšre d’aborder l’art est de l’ordre de la rigueur et de la chromie. Pour ĂȘtre dĂ©colleteur, il faut ĂȘtre rĂ©silient et dur Ă  l’ouvrage, qualitĂ©s indispensables pour le mĂ©tier d’artiste. Mon pĂšre et mes deux grand-pĂšres ont tous trois Ă©tĂ© dĂ©colleteurs. J’ai donc frĂ©quentĂ© le brouhaha des CN, l’odeur des solubles (que j’adore) et les tas de limailles dĂ©goulinant de couleurs irrĂ©elles (chromie des solubles) durant toute mon enfance.

L’exposition « Soluble Â» contient une sĂ©rie de peintures non-figuratives et je crois que c’est une premiĂšre pour toi. Peux-tu nous parler un peu de ce que l’abstration reprĂ©sente pour toi et du processus qui t’a menĂ© vers elle ?

Pour moi, l’abstraction c’est « sans filet Â». Le motif est une excuse, un point d’ancrage oĂč se stabiliser dans le rĂ©el. L’abstraction est fatale, elle n’autorise pas l’erreur. Le risque est de tomber dans la complaisance picturale, qui n’est plus de l’art, mais de la dĂ©coration. Avec l’abstraction, on est seul.e avec la matiĂšre, qui doit s’exprimer uniquement par sa rĂ©sonance, sa lumiĂšre, sa tonalitĂ©, sa saturation, ses transitions
 Pour toutes ces raisons, j’ai mis du temps Ă  passer le cap.

Le processus est simple : je me suis mise Ă  tellement recouvrir le motif de certaines sĂ©ries que la frontiĂšre entre l’abstraction et la figuration Ă©tait presque inexistante. C’est alors que je me suis rendu compte que j’étais capable de faire tenir un tableau uniquement fait de couleur et de lumiĂšre, je n’avais plus peur.

Tu as pour la premiĂšre fois proposĂ© une installation en volume constituĂ©e de paniers de dĂ©colletage et d’ardoises provenant d’une carriĂšre. Est-ce que ça t’as donnĂ© envie de rĂ©itĂ©rer cette expĂ©rience pour d’autres expositions ?

J’aime l’idĂ©e de crĂ©er des dialogues entre mes tableaux et des objets tridimensionnels. Cela permet aussi de travailler l’espace de l’exposition Ă  la façon d’un Tokonoma. Je me sens proche de la maniĂšre dont la culture japonaise aborde l’idĂ©e d’espace, de vide et d’ombre. La chorĂ©graphie du vide est trĂšs importante pour crĂ©er des atmosphĂšres, ainsi qu’un cheminement donnant de la cohĂ©rence Ă  l’ensemble des piĂšces proposĂ©es.

Quel serait le fil conducteur entre tes travaux antĂ©rieurs graphiques, la sĂ©rie des « ScĂšnes de Jouy Â» par exemple et ceux rĂ©alisĂ©s spĂ©cialement pour l’exposition Ă  l’Angle ?

La perception du rĂ©el. Tout est une question de point de vue, d’observation et de volontĂ©. Les huiles brouillent la lisibilitĂ© et le statut du sujet en Ă©purant la composition du tableau, et les SDJ perdent le regard dans la masse de dĂ©tails ornementaux qui perturbent la lecture du sujet. Ce sont deux maniĂšres opposĂ©es de parler de la mĂȘme chose : comment hiĂ©rarchisons-nous les diverses strates du rĂ©el?

Quelles sont quelques-unes des figures artistiques qui comptent ou ont particuliĂšrement comptĂ© pour toi ?

Il en y en a tellement
 je vais essayer de vous en faire une liste non exhaustive : Sugimoto, Rushia, Ehrhardt
 Les abstrait amĂ©ricains : Rothko, Frankentaler
etc. pour leur rapport Ă  l’essentiel. Le siĂšcle d’or espagnol pour leur « gravitas Â», ex: Zurbaran, Murillo, El greco
 Et plus tard Goya pour les mĂȘmes raisons. Courbet et les naturalistes pour l’amour du rĂ©el, les impressionnistes pour les atmosphĂšres, Monet en tĂȘte. Les nordiques pour la lumiĂšre douce et immanente : Vermeer, Rembrant, Friedrich, HammershĂži


Y-a-t-il d’autres artistes de la vallĂ©e de l’Arve ou d’ailleurs avec qui tu te sens des affinitĂ©s et que tu voudrais nous faire dĂ©couvrir ?

C’est une question difficile Ă  laquelle je prĂ©fĂšre ne pas rĂ©pondre car les inclinaisons artistiques changent vite et les goĂ»ts sont versatiles. L’influence de l’amitiĂ© pĂšse trop lourd dans l’interĂȘt que suscite l’Ɠuvre d’un.e artiste ami.e. Je ne m’estime pas suffisamment objective pour pouvoir rĂ©pondre.

La musique t’accompagne-t-elle dans ta crĂ©ation d’une façon ou d’une autre ?

Dans l’atelier je travaille toujours avec de la musique, la radio ou des lectures audio. J’aime tout type de musique : Ă©lectro, rock, noise, blues, jazz, folk, chansons françaises, polyphonies, musique traditionnelle, etc. Tout dĂ©pend de de l’humeur du moment !

Avec RĂ©mi Dal Nagro, vous avez le projet d’ouvrir un lieu artistique dans la vallĂ©e de l’Arve : Relief. Peux-tu nous prĂ©senter ce projet ?

Relief est en cours de crĂ©ation, il intĂ©grera des ateliers, un espace d’exposition, une cuisine-bar, un studio de production audio, une salle de concert, un espace central amovible et un jardin partagĂ©. L’association est installĂ©e Ă  Cluses, au rez-de-chaussĂ©e d’une ancienne usine de dĂ©colletage.

Relief Ă  pour vocation d’ĂȘtre un espace singulier et pluriel, dĂ©diĂ© Ă  toute personne souhaitant parcourir les passerelles existant entre les diverses formes d’expression. TournĂ© vers le public, Relief se veut Ă©volutif, impermanent, ancrĂ© sur son territoire autant qu’ouvert Ă  l’international.

ConcrÚtement, les actions de la structure se développent en trois grands axes : développement culturel, lien social et éducation.

Un chantier bénévole se mettra en place dÚs que la crise sanitaire le permettra. En soutien au projet Relief, un événement se déroulera dans ses murs en cours de montage dÚs que possible ( probablement aux alentours de septembre-octobre ).

Merci Ă  Anne pour son aide.

DerniĂšre minute : l’exposition « Soluble Â» est prolongĂ©e du 9 au 26 juin Ă  l’Angle sur rendez-vous.

>>>>>>>>>> JOHANNA PERRET

L’article « Etat d’urgence visuel Â» : une interview de Johanna Perret est apparu en premier sur rAD_yAUTe.

« Gais mĂ©nestrels de la noise Â» : une interview de It it anita

6 juin 2020 Ă  14:04
Par : Tom

Le live ne ment pas : sur scĂšne, It it anita est un groupe atomique avec une force d’entraĂźnement considĂ©rable. Leur venue au Poulpe a Ă©tĂ© l’occasion de leur poser quelques questions, que les Belges supersoniques ont vite transformĂ©es en conversation virevoltante. Pour des raisons qui m’échappent, cette interview a un peu traĂźnĂ©e et n’est publiĂ©e que maintenant, alors que le groupe est actuellement en studio pour enregistrer son troisiĂšme album. Merci en tous cas Ă  eux.

Votre 2e album est sorti sur Vicious circle il y a quelques temps, vous tournez beaucoup et le groupe marche bien. Qu’est-ce-que ça a changĂ© dans vos vies, ce relatif succĂšs ?

Damien : Oui, on fait tous plus que ça ou des mĂ©tiers qui sont liĂ©s Ă  ça. Elliot est rĂ©gisseur, Bryan est batteur avec d’autres projets aussi, Mike ne fait que It it anita, plus Ă©crire, Ă©crire, Ă©crire
 et il Ă©lĂšve des poules aussi. Moi, je m’occupe aussi d’un label Ă  cĂŽtĂ© donc je suis aussi manager et booker. Ca veut dire qu’on a rĂ©ussi Ă  se façonner des emplois du temps qui nous permettent de tourner quand on doit tourner. Par rapport Ă  l’album, c’est vrai aussi que c’est liĂ© Ă  l’arrivĂ©e sur un plus gros label. Avant, on sortait les trucs nous-mĂȘmes, on s’était fabriquĂ© un petit label indĂ© sur la Belgique mais depuis qu’on est arrivĂ© sur Vicious circle et qu’on est avec le tourneur Jercob, on a beaucoup plus de promo, beaucoup plus de dates.

Et, vous apprĂ©ciez, j’imagine, cette vitesse supĂ©rieure ?

D : Ah, ouais. ComplĂštement !

Mickael : La France, c’est grand ! On peut faire 40 dates en France ! On a tournĂ© avec Lysistrata et on a fait pleins de beaux endroits.

D : On a montĂ© le groupe en 2013 et on savait qu’on allait tout faire pour que ça fonctionne le mieux possible. Donc par rapport Ă  cette vitesse supĂ©rieure, je ne dis pas qu’on s’y attendait mais, en tous cas, on Ă©tait prĂȘts, si ça arrivait, Ă  pouvoir s’organiser en consĂ©quence.

Tu sortais les disques d’It it anita sur Luik records, c’est ça ?

D : Au dĂ©part, on avait montĂ© Luik parce qu’on s’était dit que plutĂŽt que sortir un truc autopromo, on allait se fabriquer une petite Ă©tiquette. Les choses ont Ă©voluĂ©, on a eu un groupe, deux groupes de potes qui nous ont dit « Tiens, j’ai un album qui est prĂȘt Â» et, de fil en aiguille, je me suis improvisĂ© booker parce que les groupes, pour vendre des disques, il faut qu’ils tournent. Maintenant avec It it, on a un label et un booker extĂ©rieur, on peut se concentrer sur le reste et pas du tout sur l’aspect prod.

On vous a sĂ»rement dĂ©jĂ  posĂ© cette question mais votre disposition scĂ©nique, les uns face aux autres, d’oĂč est-ce-que c’est venu ?

Elliot : Ca fait longtemps qu’on nous l’a pas posĂ©e
 (Rires)

D : Je me demande si, un jour, on s’est pas dit qu’on mettrait les amplis en side parce qu’ils vont quand mĂȘme trĂšs forts et pour Ă©viter qu’ils tapent direct dans le gueule des gens
 Et puis on s’est mis nous-mĂȘmes de cĂŽtĂ©. On a aussi des chants qui se rĂ©pondent un peu en ping-pong. Ca a dĂ» venir de là


Vous ĂȘtes comme ça, en rĂ©pĂšte ?

Mickael : Pas du tout ! On rĂ©pĂšte comme des gens normaux !

E : Sur scĂšne, en tous cas, c’est trĂšs agrĂ©able. On se voit les uns les autres, c’est vraiment l’essence mĂȘme de la musique qu’on fait. Il y a un aspect Ă©nergique entre nous. Ce qui ne nous empĂȘche pas du tout de nous tourner vers les gens, loin de lĂ  !

Et, du coup
 le dĂ©placement de la batterie dans la salle ?

Mickael : C’est du jamais vu !

Damien : Je ne vois pas de quoi vous parlez ! (Rires)

Elliot : Ca n’arrive pas Ă  chaque fois ! Souvent mais pas toujours


Ah, c’est un bon signe, alors ? C’est que c’est bien ? Ou alors, c’est parce que vous vous emmerdez


Elliot : Y’a plein de facteurs, faut avoir des cables assez longs


Mickael : Nous, on sait pas toujours comment ça va se finir. Il y a un cĂŽtĂ© inattendu et amusant pour nous et pour les gens. C’est win-win !

Elliot : C’est une vraie libertĂ©, c’est marrant ! Quand on le fait, c’est vraiment qu’on a envie de le faire !

Est-ce-qu’il y a l’idĂ©e de casser un peu la routine du concert qui est finalement assez ritualisĂ©e et un peu « safe Â» ?

Damien : Non, mais tu verras, on rigole beaucoup, hein !

Elliot : C’est dur de se rĂ©inventer chaque soir


Damien : C’est sĂ»r que quand je vois les shows de Lysistrata ou des Monks (Psychotic monks, NDLR), nickels en termes de lumiĂšres, oĂč tout est super beau
 Nous on n’est pas vraiment lĂ -dedans. On envoie ce qu’on envoie et puis entre deux morceaux, Bryan fait des blagues – enfin Henri fait des blagues – moi, je raconte des conneries et souvent ils me demandent de fermer ma gueule.

M : Et certains autres membres du groupe sont anti-lights. Moi, je trouve qu’un bon concert se suffit Ă  lui-mĂȘme. Quand c’est trop lĂ©chĂ© et trop travaillĂ©, ça veut dire que tout est trop lĂ©chĂ© et travaillĂ©.

Elliot : Effectivement, mon deuxiĂšme mĂ©tier c’est rĂ©gisseur lumiĂšres mais, dans le cadre de It it anita, je le vois quand mĂȘme avec un Ɠil de musicien et je suis capable de faire une diffĂ©rence !

Damien : Donc, tu es d’accord qu’on ne veuille pas de lumiĂšre ? (Rires) On a dĂ©jĂ  fait un concert avec une vidĂ©o de NBA derriĂšre. Pas de lumiĂšre, juste une projection d’un match ou les meilleures actions de Jordan


L’autre jour, je regardais un documentaire sur le queercore et la vague homosexuelle hardcore et ça m’a vraiment frappĂ© la façon dont ces mecs voyaient d’abord le punk comme de l’activisme et l’utilisaient pour foutre le bordel et pour choquer les gens. Je me disais que c’était quand mĂȘme fort
 Est-ce-que vous, vous vous concevez plutĂŽt comme des musiciens ou aussi comme des activistes d’un mouvement culturel ou artistique, quel qu’il soit ?

Elliot : Je pense qu’au moins, ils faisaient des choses
 Michael est prĂ©sident de la TurbojĂŒgend ! C’est un peu des icĂŽnes gays, non ?

Mickael : Pas que gays


C’est quoi la TurbojĂŒgend ?

Mickael : C’est l’espĂšce de fan-club mondial de Turbonegro. Beaucoup de villes dans le monde ont ce club d’amis proches – trĂšs proches – et ils font beaucoup d’activitĂ©s, vont voir les concerts, ils font du karting, ils ont des vestes trĂšs typiques
 Moi, je me considĂšre comme un menestrel (Rires aigus) Quelqu’un qui enfourche son cheval le matin et qui doit aller dans le royaume d’à cotĂ© faire un spectacle, il doit jongler et puis on lui jette une petite piĂšce, puis il va ailleurs.

Damien : Et il se moque du roi


Mickael : Je me sens pas trĂšs en phase avec la
 culture actuelle de masse. On divertit mal les gens, c’est une drĂŽle de pĂ©riode. Et puis, quand on grandit, on se pose plus de questions parce qu’on a aussi des enfants et on se demande quels seront leurs repĂšres et y’a pas pire repĂšre qu’un Black Friday. Je trouve qu’on vit dans un drĂŽle de monde oĂč il y a plus vraiment de repĂšres. Je suis pour un retour Ă  la simplicitĂ©.

Elliot : Pas de lights ! (Rires)

Damien : On est sensible au monde qui nous entoure et on a envie de raconter des choses qui ne vont pas mais on n’est pas activistes. On va pas dĂ©noncer des choses sur scĂšne.

M : Moi, je trouve qu’à partir du moment oĂč les gens dĂ©noncent des choses sur scĂšne, c’est plus de l’activisme, c’est du thĂ©Ăątre. Je crois que tu peux ĂȘtre activiste sans t’en vanter. En fait, ce qui manque Ă  tout le monde, c’est de la citoyennetĂ©. C’est ce qui manque comme cours Ă  l’école primaire : ĂȘtre un citoyen qu’est-ce que c’est ? C’est devoir faire des choses pour les autres et avoir des choses en retour.

D : A l’époque oĂč Fugazi et Minor threat ont lancĂ© leur mouvement straight-edge, ils allaient dans un sens mais c’était pas thĂ©atralisĂ©. Que leurs concerts et leurs disques soient accessibles Ă  tout le monde, c’était engagĂ© mais c’était pas thĂ©atralisĂ©. Et leurs principes sont encore appliquĂ©s maintenant


Quoique Ian MacKaye n’ait jamais considĂ©rĂ© qu’il ait lancĂ© un mouvement


Damien : Justement, ça va dans ce sens-lĂ  ! Il n’a pas du tout envie de s’approprier le truc ! Il y a des principes qui sont lĂ . Il a rĂ©ussi Ă  le faire, il y a des gens qui ont suivi le truc.

Elliot : Prenez ce que vous voulez, quoi.

Je ne pensais pas forcĂ©ment uniquement Ă  un sens politique, d’ailleurs
 Ca peut ĂȘtre plus large que ça. On peut aimer et militer pour certaines formes de musiques imbuvables pour d’autres et avoir envie de faire vivre une scĂšne autour de ça, organiser des concerts, s’investir dans des lieux
 Un esprit activiste qui est un peu Ă  la base de ces musiques. D’ailleurs, je sais mĂȘme pas si ces musiques sont viables sans cet esprit-là
 Rentables, oui, pour certains sĂ»rement, mais pas pour d’autres


M : C’est un grand dĂ©bat
 C’est comme les services publics
 Est-ce que le train doit ĂȘtre un service rentable ? Je ne crois pas. On ne devrait pas limiter les budget du service public. Ca devrait ĂȘtre no budget. Je crois que le citoyen devrait avoir beaucoup plus de facilitĂ©s pour plein de choses. Parler de musique et de rentabilitĂ©, je trouve ça un peu bizarre. Est-ce que le foot est rentable ? Combien ça coĂ»te un match ? Combien est-ce que la municipalitĂ© de LiĂšge paye chaque semaine ? Des centaines de milliers d’euros, je crois. Et qui en bĂ©nĂ©ficie vraiment, au final ? TrĂšs peu de gens.

D : Y’a eu cette Ă©tude, il y a quelques annĂ©es, sur le fait que la culture rapportait plus d’argent que, par exemple, l’industrie automobile parce que, quand tu vas Ă  un concert, tu consommes, tu va au resto avant


M : Il y a une sono qui a Ă©tĂ© louĂ©e, le brasseur qui a amenĂ© des fĂ»ts


D : Ca crĂ©Ă© de la consommation plutĂŽt saine. Il y a des flux d’argent qui au final font que ça rapporte plus que d’autres industries.

Justement, tant qu’on parle du cĂŽtĂ© Ă©conomique, je voulais vous interroger sur le rĂŽle des agents qui reprĂ©sentent les groupes et exercent un contrĂŽle qui peut ĂȘtre assez fort. Par exemple, des amis Ă©taient bookĂ©s sur une date par le lieu et leur concert a Ă©tĂ© annulĂ© par l’agent du groupe de tĂȘte d’affiche sous pretexte qu’il n’avait pas Ă©tĂ© prĂ©venu, d’aprĂšs ce que j’en sais. Est-ce-que vous avez un avis sur ces questions ?

Damien : Si tu veux mon avis, c’est nul.

Elliot : La seule raison que je pourrais entendre, c’est que le mec de la salle booke la premiĂšre partie, il s’emballe un peu et le groupe de premiĂšre partie est plus imposant que la tĂȘte d’affiche : ils arrivent avec quatorze amplis. Ca, je pourrais l’entendre. Mais sinon, ça peut pas dĂ©sservir la tĂȘte d’affiche.

M : Sauf si le support est meilleur que la tĂȘte d’affiche !

D : Mais, au contraire, les gens vont se dire « Ah, j’ai passĂ© une super soirĂ©e, j’ai vu deux super groupes ! Â»

E : Ouais, il n’y a pas vraiment de bonnes raisons


M : Support, c’est trĂšs compliquĂ© aussi


D : Et sinon, pour revenir au dĂ©but de la question, le rĂŽle de l’agent est quand mĂȘme important. Il trouve des dates que nous, on ne pourrait pas trouver. Les agents qui sont sensĂ©s font un excellent boulot. On a des agents dans tous les pays et on est trĂšs content de bosser avec ces gens-lĂ .

Ca vous est dĂ©jĂ  arrivĂ© d’ĂȘtre la premiĂšre partie devant un public qui s’en foutait un peu ?

D : Ah ouais, c’est dĂ©jĂ  arrivĂ© ! Pas de souvenirs prĂ©cis mais on s’est dĂ©jĂ  rendu compte qu’on Ă©tait dans des endroits oĂč c’était un mauvais casting.

E : A cĂŽtĂ© de ça, on a dĂ©jĂ  fait des premiĂšres parties oĂč c’était super, aussi. C’est important de le dire. And so I watched you from afar, par exemple
 excellente tournĂ©e !

D : Et le groupe Ă©tait trĂšs content. Ils nous ont dĂ©couvert aussi
 On a fait six dates avec eux.

E : On s’est hyper bien entendu avec eux. Ils s’intĂ©ressaient Ă  nous, ils venaient nous voir, on a eu un trĂšs trĂšs bon rapport


M : ils sont techniquement
 high level.

D : Ils ont enregistrĂ© leur album d’une traite. Ils ont rĂ©pĂ©tĂ© pendant un an et ont fait une prise live de l’album de A Ă  Z


Pour en revenir un petit peu Ă  votre musique, il m’a semblĂ© que vous marquiez un peu davantage les contrastes sur votre dernier album, « Laurent Â», avec des passages plus pop plus assumĂ©s. Est-ce-que c’est une direction que vous prenez pour la suite ?

M : C’est bien aussi pour varier, en concert. C’est contraignant pour nous et pour les gens quand tout est trop fort et trop vite. C’est fatiguant, ton corps dit juste
 Slow down baby ! (Rires) C’est bien d’avoir des montĂ©es, des descentes, des descentes, des montĂ©es. Monter, redescendre un petit peu
 (Rires) Et ça, je trouve que Lysistrata le fait trĂšs bien !

E : C’est pas spĂ©cialement une volontĂ© d’aller vers un truc calme ou violent. Je crois qu’on fait juste ce qu’on a envie de faire, peut-ĂȘtre d’une façon un peu diffĂ©rente de la façon dont on le faisait au dĂ©but


D : On Ă©coute tous beaucoup de musiques diffĂ©rentes depuis trĂšs longtemps et donc il n’y a pas de raisons qu’on fassent que des trucs nerveux. Si, Ă  un moment donnĂ©, on a envie de faire un truc plus stoner, ou plus post-rock, on le fait. Mike avait fait un morceau un peu Ă  la Daft punk, un jour. Bon, il n’a pas Ă©tĂ© repris mais il existe et il est super !

J’ai lu que vous aviez tendance Ă  arriver avec des morceaux relativement finis en rĂ©pĂštes


M : Pas complĂštement finis mais, normalement, l’ossature est dĂ©jĂ  faite.

D : Mike compose et ensuite on rajoute.

B : A la batterie, il me met toujours une base et il me dit « La base est lĂ , fait ce que tu veux Â».

M : Comme les Beatles finalement
 C’est pas Ringo qui amenait un morceau ! (Rires)

B : Il les amenait mais on les mettait de cĂŽté  All right, Ringo ! (Rires)

M : Et si ils jouaient un riff et qu’ils ne s’en souvenaient pas le lendemain, c’est que c’était un mauvais morceau et ça, c’est tout Ă  fait vrai !
 Ca, c’est le cĂŽtĂ© poppy du groupe. J’ai besoin de me raccrocher Ă  une mĂ©lodie. J’ai du mal avec les groupes trop destructurĂ©s. J’aime bien aller voir un concert et pouvoir taper du pied. C’est important pour mon horloge interne. (Rires) Les trucs trop compliquĂ©s, ton cerveau a du mal Ă  suivre, ton corps Ă  du mal Ă  suivre. Ca peut ĂȘtre une super performance, mais tu vas au concert et tu te souviens d’aucun morceau


C’est marrant parce que le dernier groupe que j’ai interviewĂ©, c’était Dewaere et je leur ai demandĂ© si ils pensaient que le rock Ă  guitares pouvait encore avoir du succĂ©s oĂč si les annĂ©es avaient Ă©tĂ© une sorte d’ñge d’or et ils m’ont rĂ©pondu que ce qui marchait et qui marcherait toujours, c’était les chansons


D : C’est clair ! C’est ce qui restera !

E : Mais ça ne veut pas dire que le rock n’attire plus les foules
 Plus autant, ça, on est d’accord ! Mais pourquoi pas un retour ? Moi, j’y crois ! AprĂšs, est-ce-qu’on peut dire que Smells like teen spirit est une chanson ? Oui
 mais la dĂ©finition est vague !

M : Le refrain est hyper fĂ©dĂ©rateur ! Le refrain est quand mĂȘme fou !

E : En tous cas, c’est pas l’idĂ©e que je me fais quand on me dit une chanson


M : Tu penses Ă  quoi, plutĂŽt Stewball ? (Rires)

E : Ah ouais, Hugues Aufray, il sait Ă©crire une chanson !

Est-ce-que vous avez Ă©coutĂ© le dernier album de Kim Gordon ? Je sais que Sonic youth a Ă©tĂ© un groupe assez important pour vous


M : J’ai entendu trois morceaux. J’ai trouvĂ© ça quand mĂȘme pas mal mais je pense aussi qu’on en tirerait pas une ligne si c’était pas Kim Gordon. C’est la plus arty du groupe, je crois qu’elle peut taper sur une bouteille et faire hahahaha
Je l’avais vue en live il y a quelques annĂ©es, avec Body/Head, putain, c’était un larsen de 30 minutes ! Heureusement qu’il y avait Disappears avant qui jouaient, c’était vraiment super ! Si c’était pas Kim Gordon, y’aurait eu personne dans la salle ! Mais je l’adore, elle est belle quand elle chante. Elle chante et elle joue pas bien mais c’est ça qui est bien ! C’est un membre vraiment important de Sonic Youth mais en solo
 Thurston Moore a beaucoup plus d’impact, pour moi. Lui Ă©crit des chansons !

D : AprĂšs ce qu’elle avait fait avec Free kitten, c’était un peu plus des chansons, c’était un peu moins expĂ©rimental


M : Oui, mais c’était pas elles qui Ă©crivait les chansons
 Et donc, je n’ai pas tout Ă©coutĂ© mais je vais l’acheter parce qu’en plus je trouve que la pochette est belle. Si elle vient jouer demain, j’irai la voir.

D : Elle joue au Poulpe demain, justement ! (Rires)

Et vous, ça vous arrive de travailler avec vos dĂ©fauts ?

M : On ne fait que ça !

D : On n’est pas des vrais musiciens ! On sait se servir d’une guitare tant bien que mal et on fait comme on peut.

M : On en parlait avec les gens de Nurse
 Il y a une diffĂ©rence fondamentale entre jouer seul et jouer en groupe. Il y a plein de gens trĂšs bons seuls dans leur domaine mais en groupe ça n’ira pas parce que c’est un autre process. C’est gĂ©rer les humeurs, les envies de chacun. C’est comme une famille, un peu. Moi, j’aime bien jouer en groupe parce qu’on est plus forts. En groupe, on va de l’avant, on va sur la route, on fait des kilomĂštres, il y a un cĂŽtĂ© un peu POWER MEN ALAWONEAGAIN !!! (Voix forte et accent de cow-boy assez indescriptible, NDLR). Il y a un cĂŽtĂ© believer, je sais pas comment expliquer
 Demain, on ira encore plus loin que lĂ  oĂč le soleil se couche
 Lucky Luke, un peu !

E : Enfin Lucky Luke, il a quand mĂȘme Jolly Jumper
 et Rantanplan !

Alors, c’est qui, rantanplan, parmi vous ?

M : Je sais pas
 C’est Laurent. Vu qu’il est pas là


Il y a toujours pas mal de choses assez dĂ©tonnantes qui se passent en Belgique. Quelles sont les dĂ©couvertes, musicales ou autres, que vous voudriez nous faire partager ?

E : Si je devais en citer un, ce serait Millionnaire. C’est un peu un groupe emblĂ©matique pour moi. J’ai une petite fiertĂ© que ce soit quelque chose de Belge.

M : Millionaire forcĂ©ment, Deus, forcĂ©ment, Soulwax, forcĂ©ment.

E : Des groupes qui ont façonnĂ© ce que les gens appellent un peu grossiĂšrement le rock belge.

D : Actuellement, y’a la nouvelle scĂšne noise flamande avec Shht, Guru guru, Raketkanon


E : Et Le prince Harry, les copains avec lesquels on joue tout le temps


M : Plus au sud du pays : Cocain piss. Ils sont de LiĂšge et ils s’exportent bien. Steve Albini les adore. Il met leur tee-shirt quand il fait des tournois de poker.

D : Zwangere guy a un album vraiment fou, c’est un rappeur bruxellois qui chante surtout en flamand.

E : Shht, l’album est encore une expĂ©rience trĂšs bizarre Ă  vivre. C’est vraiment un mĂ©lange de studio et de live, ce groupe, mais c’est hyper bien !

On peut peut-ĂȘtre conclure sur vos projets ? Est-ce-que vous avez un nouveau disque qui va sortir ?

D : Oui, on est en train d’en discuter avec le label. C’est ça ĂȘtre professionnel, on est prĂȘts mais, pour sortir un disque, il faut 7 mois Ă  partir du moment oĂč il est fait ! Pour en revenir Ă  tes premiĂšres questions sur le pourquoi de notre label, JB de Born bad Ă©tait Ă©ventuellement intĂ©ressĂ© pour sortir notre deuxiĂšme disque mais ça aurait pris un an Ă  cause du planning, de la promo, etc. et on voulait le sortir vite. Il Ă©tait dĂ©jĂ  prĂȘt depuis plusieurs mois. Ici, c’est pareil. On va l’enregistrer pendant la premiĂšre moitiĂ© de l’annĂ©e 2020. On aura le mix et le master au milieu de l’annĂ©e et le label a besoin d’au moins six mois pour le sortir. Philippe est un puriste du vinyl, il travaille avec une usine qui est implantĂ©e en France, donc voilĂ .

Vous allez l’enregistrer avec Laurent ?

M : Ca se discute et, pour le moment, c’est encore secret !

>>>>>>>>>> IT IT ANITA

>>>>>>>>>> VICIOUS CIRCLE

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Glad husbands, « Safe places Â» LP

5 juin 2020 Ă  06:08
Par : Tom

Premier contact avec ce groupe piĂ©montais qui publie lĂ  son deuxiĂšme album, sept ans aprĂšs le premier. Neufs morceaux denses, construits. TĂ©lescopages de riffs massifs, breaks abruptes, flirtant avec le math-noise – de l’aveu mĂȘme du groupe. Lorsqu’elle est la plus condensĂ©e, la plus lapidaire, la musique de Glad husbands n’est pas sans rappeler fortement un des parrains du genre, Dazzling killmen. « Out of the storm Â», « Spare parts Â», « Cowards in a row Â». Expectorations vitales. MĂ©chante envie d’en dĂ©coudre. Rage bloquĂ©e qui sort en spasmes. MĂȘme la voix Ă  quelque chose de la fureur Ă©tranglĂ©e de Nick Sakes, dans ces brulĂŽts noisecore fumants. Ailleurs, « Things that made sense Â», « The Jar Â» varient les intensitĂ©s, Ă©voquent parfois un post-hardcore plus old-school, s’essayent Ă  des inflexions plus mĂ©lodiques, jusqu’à la ligne presque pop de « Midas Â». Une sorte d’identitĂ© plurielle qui ne s’apprĂ©hende pas forcĂ©ment immĂ©diatement mais qui donne certainement envie d’en savoir plus et d’en faire l’expĂ©rience en concert.

Glad husbands, « Safe places Â» (Antena Krzyku, Entes Anomicos, Longrail Records, Vollmer Industries, Atypeek Music, Tadca Records, Whosbrain Records, Scatti Vorticosi Records)

>>>>>>>>>> GLAD HUSBANDS

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Noiss, « Deafening Â» EP

2 juin 2020 Ă  15:42
Par : Tom

C’était cool, le grunge, les chemises Ă  carreaux, tout ça
 et il y avait mĂȘme de sacrĂ©s bons groupes dans le lot. Mais je dois dire que ce n’est pas le mouvement musical qui a le plus retenu mon attention et, lorsqu’un groupe se rĂ©clame haut et fort de ce courant, j’y vais avec une curiositĂ© assez prudente. AprĂšs un premier ep sympathique, Noiss reviennent aux affaires avec cette deuxiĂšme galette enregistrĂ©e au Purple Sheep Studio et qui commence Ă  se rapprocher sĂ©rieusement, on imagine, de l’idĂ©al de sueur et de gros riffs des ChambĂ©riens. Tout y est, la scĂšne est presque parfaite. Le son, la voix rocailleuse, on les voit, on les entend, on les sent sur scĂšne. Nul doute que que Noiss est un groupe sincĂšre qui en veut et qui croit Ă  sa ligne musicale et c’est une des qualitĂ©s de ces morceaux de ne pas trop en faire pour laisser parler ses idĂ©es, comme sur l’instrumental tout simple « Enjoy this day Â», ou mettre en valeur les lignes vocales Ă©raillĂ©es. MĂȘme si ces cinq morceaux s’appuient largement sur des recettes qui ont maintes et maintes fois fait leurs preuves, leur force de conviction emporte tout de mĂȘme l’adhĂ©sion et doivent certainement faire leur effet en live. Seulement, seulement, on adorerait que ce groupe, tout en gardant les racines qui font son identitĂ© musicale, nous emmene ailleurs, dans un endroit qu’on ne connaisse pas dĂ©jĂ .

>>>>>>>>>> NOISS

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