Le live ne ment pas : sur scĂšne, It it anita est un groupe atomique avec une force dâentraĂźnement considĂ©rable. Leur venue au Poulpe a Ă©tĂ© lâoccasion de leur poser quelques questions, que les Belges supersoniques ont vite transformĂ©es en conversation virevoltante. Pour des raisons qui mâĂ©chappent, cette interview a un peu traĂźnĂ©e et nâest publiĂ©e que maintenant, alors que le groupe est actuellement en studio pour enregistrer son troisiĂšme album. Merci en tous cas Ă eux.
Votre 2 e album est sorti sur Vicious circle il y a quelques temps, vous tournez beaucoup et le groupe marche bien. Quâest-ce-que ça a changĂ© dans vos vies, ce relatif succĂšs ?
Damien : Oui, on fait tous plus que ça ou des mĂ©tiers qui sont liĂ©s à ça. Elliot est rĂ©gisseur, Bryan est batteur avec dâautres projets aussi, Mike ne fait que It it anita, plus Ă©crire, Ă©crire, Ă©crire⊠et il Ă©lĂšve des poules aussi. Moi, je mâoccupe aussi dâun label Ă cĂŽtĂ© donc je suis aussi manager et booker. Ca veut dire quâon a rĂ©ussi Ă se façonner des emplois du temps qui nous permettent de tourner quand on doit tourner. Par rapport Ă lâalbum, câest vrai aussi que câest liĂ© Ă lâarrivĂ©e sur un plus gros label. Avant, on sortait les trucs nous-mĂȘmes, on sâĂ©tait fabriquĂ© un petit label indĂ© sur la Belgique mais depuis quâon est arrivĂ© sur Vicious circle et quâon est avec le tourneur Jercob, on a beaucoup plus de promo, beaucoup plus de dates.
Et, vous apprĂ©ciez, jâimagine, cette vitesse supĂ©rieure ?
D : Ah, ouais. ComplĂštement !
Mickael : La France, câest grand ! On peut faire 40 dates en France ! On a tournĂ© avec Lysistrata et on a fait pleins de beaux endroits.
D : On a montĂ© le groupe en 2013 et on savait quâon allait tout faire pour que ça fonctionne le mieux possible. Donc par rapport Ă cette vitesse supĂ©rieure, je ne dis pas quâon sây attendait mais, en tous cas, on Ă©tait prĂȘts, si ça arrivait, Ă pouvoir sâorganiser en consĂ©quence.
Tu sortais les disques dâIt it anita sur Luik records, câest ça ?
D : Au dĂ©part, on avait montĂ© Luik parce quâon sâĂ©tait dit que plutĂŽt que sortir un truc autopromo, on allait se fabriquer une petite Ă©tiquette. Les choses ont Ă©voluĂ©, on a eu un groupe, deux groupes de potes qui nous ont dit « Tiens, jâai un album qui est prĂȘt » et, de fil en aiguille, je me suis improvisĂ© booker parce que les groupes, pour vendre des disques, il faut quâils tournent. Maintenant avec It it, on a un label et un booker extĂ©rieur, on peut se concentrer sur le reste et pas du tout sur lâaspect prod.
On vous a sĂ»rement dĂ©jĂ posĂ© cette question mais votre disposition scĂ©nique, les uns face aux autres, dâoĂč est-ce-que câest venu ?
Elliot : Ca fait longtemps quâon nous lâa pas posĂ©e⊠(Rire s )
D : Je me demande si, un jour, on sâest pas dit quâon mettrait les amplis en side parce quâils vont quand mĂȘme trĂšs forts et pour Ă©viter quâils tapent direct dans le gueule des gens⊠Et puis on sâest mis nous-mĂȘmes de cĂŽtĂ©. On a aussi des chants qui se rĂ©pondent un peu en ping-pong. Ca a dĂ» venir de lĂ âŠ
Vous ĂȘtes comme ça, en rĂ©pĂšte ?
Mickael : Pas du tout ! On répÚte comme des gens normaux !
E : Sur scĂšne, en tous cas, câest trĂšs agrĂ©able. On se voit les uns les autres, câest vraiment lâessence mĂȘme de la musique quâon fait. Il y a un aspect Ă©nergique entre nous. Ce qui ne nous empĂȘche pas du tout de nous tourner vers les gens, loin de lĂ !
Et, du coup⊠le déplacement de la batterie dans la salle ?
Mickael : Câest du jamais vu !
Damien : Je ne vois pas de quoi vous parlez ! (Rires)
Elliot : Ca nâarrive pas Ă chaque fois ! Souvent mais pas toujoursâŠ
Ah, câest un bon signe, alors ? Câest que câest bien ? Ou alors, câest parce que vous vous emmerdezâŠ
Elliot : Yâa plein de facteurs, faut avoir des cables assez longsâŠ
Mickael : Nous, on sait pas toujours comment ça va se finir. Il y a un cĂŽtĂ© inattendu et amusant pour nous et pour les gens. Câest win-win !
Elliot : Câest une vraie libertĂ©, câest marrant ! Quand on le fait, câest vraiment quâon a envie de le faire !
Est-ce-quâil y a lâidĂ©e de casser un peu la routine du concert qui est finalement assez ritualisĂ©e et un peu « safe » ?
Damien : Non, mais tu verras, on rigole beaucoup, hein !
Elliot : Câest dur de se rĂ©inventer chaque soirâŠ
Damien : Câest sĂ»r que quand je vois les shows de Lysistrata ou des Monks (Psychotic monks, NDLR), nickels en termes de lumiĂšres, oĂč tout est super beau⊠Nous on nâest pas vraiment lĂ -dedans. On envoie ce quâon envoie et puis entre deux morceaux, Bryan fait des blagues â enfin Henri fait des blagues â moi, je raconte des conneries et souvent ils me demandent de fermer ma gueule.
M : Et certains autres membres du groupe sont anti-lights. Moi, je trouve quâun bon concert se suffit Ă lui-mĂȘme. Quand câest trop lĂ©chĂ© et trop travaillĂ©, ça veut dire que tout est trop lĂ©chĂ© et travaillĂ©.
Elliot : Effectivement, mon deuxiĂšme mĂ©tier câest rĂ©gisseur lumiĂšres mais, dans le cadre de It it anita, je le vois quand mĂȘme avec un Ćil de musicien et je suis capable de faire une diffĂ©rence !
Damien : Donc, tu es dâaccord quâon ne veuille pas de lumiĂšre ? (Rires) On a dĂ©jĂ fait un concert avec une vidĂ©o de NBA derriĂšre. Pas de lumiĂšre, juste une projection dâun match ou les meilleures actions de JordanâŠ
Lâautre jour, je regardais un documentaire sur le queercore et la vague homosexuelle hardcore et ça mâa vraiment frappĂ© la façon dont ces mecs voyaient dâabord le punk comme de lâactivisme et lâutilisaient pour foutre le bordel et pour choquer les gens. Je me disais que câĂ©tait quand mĂȘme fort⊠Est-ce-que vous, vous vous concevez plutĂŽt comme des musiciens ou aussi comme des activistes dâun mouvement culturel ou artistique, quel quâil soit ?
Elliot : Je pense quâau moins, ils faisaient des choses⊠Michael est prĂ©sident de la TurbojĂŒgend ! Câest un peu des icĂŽnes gays, non ?
Mickael : Pas que gaysâŠ
Câest quoi la TurbojĂŒgend ?
Mickael : Câest lâespĂšce de fan-club mondial de Turbonegro. Beaucoup de villes dans le monde ont ce club dâamis proches â trĂšs proches â et ils font beaucoup dâactivitĂ©s, vont voir les concerts, ils font du karting, ils ont des vestes trĂšs typiques⊠Moi, je me considĂšre comme un menestrel (Rires aigus) Quelquâun qui enfourche son cheval le matin et qui doit aller dans le royaume dâĂ cotĂ© faire un spectacle, il doit jongler et puis on lui jette une petite piĂšce, puis il va ailleurs.
Damien : Et il se moque du roiâŠ
Mickael : Je me sens pas trĂšs en phase avec la⊠culture actuelle de masse. On divertit mal les gens, câest une drĂŽle de pĂ©riode. Et puis, quand on grandit, on se pose plus de questions parce quâon a aussi des enfants et on se demande quels seront leurs repĂšres et yâa pas pire repĂšre quâun Black Friday. Je trouve quâon vit dans un drĂŽle de monde oĂč il y a plus vraiment de repĂšres. Je suis pour un retour Ă la simplicitĂ©.
Elliot : Pas de lights ! (Rires)
Damien : On est sensible au monde qui nous entoure et on a envie de raconter des choses qui ne vont pas mais on nâest pas activistes. On va pas dĂ©noncer des choses sur scĂšne.
M : Moi, je trouve quâĂ partir du moment oĂč les gens dĂ©noncent des choses sur scĂšne, câest plus de lâactivisme, câest du thĂ©Ăątre. Je crois que tu peux ĂȘtre activiste sans tâen vanter. En fait, ce qui manque Ă tout le monde, câest de la citoyennetĂ©. Câest ce qui manque comme cours Ă lâĂ©cole primaire : ĂȘtre un citoyen quâest-ce que câest ? Câest devoir faire des choses pour les autres et avoir des choses en retour.
D : A lâĂ©poque oĂč Fugazi et Minor threat ont lancĂ© leur mouvement straight-edge, ils allaient dans un sens mais câĂ©tait pas thĂ©atralisĂ©. Que leurs concerts et leurs disques soient accessibles Ă tout le monde, câĂ©tait engagĂ© mais câĂ©tait pas thĂ©atralisĂ©. Et leurs principes sont encore appliquĂ©s maintenantâŠ
Quoique Ian MacKaye nâait jamais considĂ©rĂ© quâil ait lancĂ© un mouvementâŠ
Damien : Justement, ça va dans ce sens-lĂ ! Il nâa pas du tout envie de sâapproprier le truc ! Il y a des principes qui sont lĂ . Il a rĂ©ussi Ă le faire, il y a des gens qui ont suivi le truc.
Elliot : Prenez ce que vous voulez, quoi.
Je ne pensais pas forcĂ©ment uniquement Ă un sens politique, dâailleurs⊠Ca peut ĂȘtre plus large que ça. On peut aimer et militer pour certaines formes de musiques imbuvables pour dâautres et avoir envie de faire vivre une scĂšne autour de ça, organiser des concerts, sâinvestir dans des lieux⊠Un esprit activiste qui est un peu Ă la base de ces musiques. Dâailleurs, je sais mĂȘme pas si ces musiques sont viables sans cet esprit-là ⊠Rentables, oui, pour certains sĂ»rement, mais pas pour dâautresâŠ
M : Câest un grand dĂ©bat⊠Câest comme les services publics⊠Est-ce que le train doit ĂȘtre un service rentable ? Je ne crois pas. On ne devrait pas limiter les budget du service public. Ca devrait ĂȘtre no budget. Je crois que le citoyen devrait avoir beaucoup plus de facilitĂ©s pour plein de choses. Parler de musique et de rentabilitĂ©, je trouve ça un peu bizarre. Est-ce que le foot est rentable ? Combien ça coĂ»te un match ? Combien est-ce que la municipalitĂ© de LiĂšge paye chaque semaine ? Des centaines de milliers dâeuros, je crois. Et qui en bĂ©nĂ©ficie vraiment, au final ? TrĂšs peu de gens.
D : Yâa eu cette Ă©tude, il y a quelques annĂ©es, sur le fait que la culture rapportait plus dâargent que, par exemple, lâindustrie automobile parce que, quand tu vas Ă un concert, tu consommes, tu va au resto avantâŠ
M : Il y a une sono qui a Ă©tĂ© louĂ©e, le brasseur qui a amenĂ© des fĂ»tsâŠ
D : Ca crĂ©Ă© de la consommation plutĂŽt saine. Il y a des flux dâargent qui au final font que ça rapporte plus que dâautres industries.
Justement, tant quâon parle du cĂŽtĂ© Ă©conomique, je voulais vous interroger sur le rĂŽle des agents qui reprĂ©sentent les groupes et exercent un contrĂŽle qui peut ĂȘtre assez fort. Par exemple, des amis Ă©taient bookĂ©s sur une date par le lieu et leur concert a Ă©tĂ© annulĂ© par lâagent du groupe de tĂȘte dâaffiche sous pretexte quâil nâavait pas Ă©tĂ© prĂ©venu, dâaprĂšs ce que jâen sais. Est-ce-que vous avez un avis sur ces questions ?
Damien : Si tu veux mon avis, câest nul.
Elliot : La seule raison que je pourrais entendre, câest que le mec de la salle booke la premiĂšre partie, il sâemballe un peu et le groupe de premiĂšre partie est plus imposant que la tĂȘte dâaffiche : ils arrivent avec quatorze amplis. Ca, je pourrais lâentendre. Mais sinon, ça peut pas dĂ©sservir la tĂȘte dâaffiche.
M : Sauf si le support est meilleur que la tĂȘte dâaffiche !
D : Mais, au contraire, les gens vont se dire « Ah, jâai passĂ© une super soirĂ©e, jâai vu deux super groupes ! »
E : Ouais, il nây a pas vraiment de bonnes raisonsâŠ
M : Support, câest trĂšs compliquĂ© aussiâŠ
D : Et sinon, pour revenir au dĂ©but de la question, le rĂŽle de lâagent est quand mĂȘme important. Il trouve des dates que nous, on ne pourrait pas trouver. Les agents qui sont sensĂ©s font un excellent boulot. On a des agents dans tous les pays et on est trĂšs content de bosser avec ces gens-lĂ .
Ca vous est dĂ©jĂ arrivĂ© dâĂȘtre la premiĂšre partie devant un public qui sâen foutait un peu ?
D : Ah ouais, câest dĂ©jĂ arrivĂ© ! Pas de souvenirs prĂ©cis mais on sâest dĂ©jĂ rendu compte quâon Ă©tait dans des endroits oĂč câĂ©tait un mauvais casting.
E : A cĂŽtĂ© de ça, on a dĂ©jĂ fait des premiĂšres parties oĂč câĂ©tait super, aussi. Câest important de le dire. And so I watched you from afar, par exemple⊠excellente tournĂ©e !
D : Et le groupe était trÚs content. Ils nous ont découvert aussi⊠On a fait six dates avec eux.
E : On sâest hyper bien entendu avec eux. Ils sâintĂ©ressaient Ă nous, ils venaient nous voir, on a eu un trĂšs trĂšs bon rapportâŠ
M : ils sont techniquement⊠high level.
D : Ils ont enregistrĂ© leur album dâune traite. Ils ont rĂ©pĂ©tĂ© pendant un an et ont fait une prise live de lâalbum de A Ă ZâŠ
Pour en revenir un petit peu Ă votre musique, il mâa semblĂ© que vous marquiez un peu davantage les contrastes sur votre dernier album, « Laurent », avec des passages plus pop plus assumĂ©s. Est-ce-que câest une direction que vous prenez pour la suite ?
M : Câest bien aussi pour varier, en concert. Câest contraignant pour nous et pour les gens quand tout est trop fort et trop vite. Câest fatiguant, ton corps dit juste⊠Slow down baby ! (Rires) Câest bien dâavoir des montĂ©es, des descentes, des descentes, des montĂ©es. Monter, redescendre un petit peu⊠(Rires) Et ça, je trouve que Lysistrata le fait trĂšs bien !
E : Câest pas spĂ©cialement une volontĂ© dâaller vers un truc calme ou violent. Je crois quâon fait juste ce quâon a envie de faire, peut-ĂȘtre dâune façon un peu diffĂ©rente de la façon dont on le faisait au dĂ©butâŠ
D : On Ă©coute tous beaucoup de musiques diffĂ©rentes depuis trĂšs longtemps et donc il nây a pas de raisons quâon fassent que des trucs nerveux. Si, Ă un moment donnĂ©, on a envie de faire un truc plus stoner, ou plus post-rock, on le fait. Mike avait fait un morceau un peu Ă la Daft punk, un jour. Bon, il nâa pas Ă©tĂ© repris mais il existe et il est super !
Jâai lu que vous aviez tendance Ă arriver avec des morceaux relativement finis en rĂ©pĂštesâŠ
M : Pas complĂštement finis mais, normalement, lâossature est dĂ©jĂ faite.
D : Mike compose et ensuite on rajoute.
B : A la batterie, il me met toujours une base et il me dit « La base est là , fait ce que tu veux ».
M : Comme les Beatles finalement⊠Câest pas Ringo qui amenait un morceau ! (Rires)
B : Il les amenait mais on les mettait de cÎté⊠All right, Ringo ! (Rires)
M : Et si ils jouaient un riff et quâils ne sâen souvenaient pas le lendemain, câest que câĂ©tait un mauvais morceau et ça, câest tout Ă fait vrai !⊠Ca, câest le cĂŽtĂ© poppy du groupe. Jâai besoin de me raccrocher Ă une mĂ©lodie. Jâai du mal avec les groupes trop destructurĂ©s. Jâaime bien aller voir un concert et pouvoir taper du pied. Câest important pour mon horloge interne. (Rires) Les trucs trop compliquĂ©s, ton cerveau a du mal Ă suivre, ton corps Ă du mal Ă suivre. Ca peut ĂȘtre une super performance, mais tu vas au concert et tu te souviens dâaucun morceauâŠ
Câest marrant parce que le dernier groupe que jâai interviewĂ©, câĂ©tait Dewaere et je leur ai demandĂ© si ils pensaient que le rock Ă guitares pouvait encore avoir du succĂ©s oĂč si les annĂ©es avaient Ă©tĂ© une sorte dâĂąge dâor et ils mâont rĂ©pondu que ce qui marchait et qui marcherait toujours, câĂ©tait les chansonsâŠ
D : Câest clair ! Câest ce qui restera !
E : Mais ça ne veut pas dire que le rock nâattire plus les foules⊠Plus autant, ça, on est dâaccord ! Mais pourquoi pas un retour ? Moi, jây crois ! AprĂšs, est-ce-quâon peut dire que Smells like teen spirit est une chanson ? Oui⊠mais la dĂ©finition est vague !
M : Le refrain est hyper fĂ©dĂ©rateur ! Le refrain est quand mĂȘme fou !
E : En tous cas, câest pas lâidĂ©e que je me fais quand on me dit une chansonâŠ
M : Tu penses Ă quoi, plutĂŽt Stewball ? (Rires)
E : Ah ouais, Hugues Aufray, il sait Ă©crire une chanson !
Est-ce-que vous avez Ă©coutĂ© le dernier album de Kim Gordon ? Je sais que Sonic youth a Ă©tĂ© un groupe assez important pour vousâŠ
M : Jâai entendu trois morceaux. Jâai trouvĂ© ça quand mĂȘme pas mal mais je pense aussi quâon en tirerait pas une ligne si câĂ©tait pas Kim Gordon. Câest la plus arty du groupe, je crois quâelle peut taper sur une bouteille et faire hahahahaâŠJe lâavais vue en live il y a quelques annĂ©es, avec Body/Head, putain, câĂ©tait un larsen de 30 minutes ! Heureusement quâil y avait Disappears avant qui jouaient, câĂ©tait vraiment super ! Si câĂ©tait pas Kim Gordon, yâaurait eu personne dans la salle ! Mais je lâadore, elle est belle quand elle chante. Elle chante et elle joue pas bien mais câest ça qui est bien ! Câest un membre vraiment important de Sonic Youth mais en solo⊠Thurston Moore a beaucoup plus dâimpact, pour moi. Lui Ă©crit des chansons !
D : AprĂšs ce quâelle avait fait avec Free kitten, câĂ©tait un peu plus des chansons, câĂ©tait un peu moins expĂ©rimentalâŠ
M : Oui, mais câĂ©tait pas elles qui Ă©crivait les chansons⊠Et donc, je nâai pas tout Ă©coutĂ© mais je vais lâacheter parce quâen plus je trouve que la pochette est belle. Si elle vient jouer demain, jâirai la voir.
D : Elle joue au Poulpe demain, justement ! (Rires)
Et vous, ça vous arrive de travailler avec vos défauts ?
M : On ne fait que ça !
D : On nâest pas des vrais musiciens ! On sait se servir dâune guitare tant bien que mal et on fait comme on peut.
M : On en parlait avec les gens de Nurse⊠Il y a une diffĂ©rence fondamentale entre jouer seul et jouer en groupe. Il y a plein de gens trĂšs bons seuls dans leur domaine mais en groupe ça nâira pas parce que câest un autre process . Câest gĂ©rer les humeurs, les envies de chacun. Câest comme une famille, un peu. Moi, jâaime bien jouer en groupe parce quâon est plus forts. En groupe, on va de lâavant, on va sur la route, on fait des kilomĂštres, il y a un cĂŽtĂ© un peu POWER MEN ALAWONEAGAIN !!! ( Voix forte et a ccent de cow-boy assez ind e scriptible, NDLR). Il y a un cĂŽtĂ© believer , je sais pas comment expliquer⊠Demain, on ira encore plus loin que lĂ oĂč le soleil se couche⊠Lucky Luke, un peu !
E : Enfin Lucky Luke, il a quand mĂȘme Jolly Jumper⊠et Rantanplan !
Alors, câest qui, rantanplan, parmi vous ?
M : Je sais pas⊠Câest Laurent. Vu quâil est pas lĂ âŠ
Il y a toujours pas mal de choses assez détonnantes qui se passent en Belgique. Quelles sont les découvertes, musicales ou autres, que vous voudriez nous faire partager ?
E : Si je devais en citer un, ce serait Millionnaire. Câest un peu un groupe emblĂ©matique pour moi. Jâai une petite fiertĂ© que ce soit quelque chose de Belge.
M : Millionaire forcément, Deus, forcément, Soulwax, forcément.
E : Des groupes qui ont façonné ce que les gens appellent un peu grossiÚrement le rock belge.
D : Actuellement, yâa la nouvelle scĂšne noise flamande avec Shht, Guru guru, RaketkanonâŠ
E : Et Le prince Harry, les copains avec lesquels on joue tout le tempsâŠ
M : Plus au sud du pays : Cocain piss. Ils sont de LiĂšge et ils sâexportent bien. Steve Albini les adore. Il met leur tee-shirt quand il fait des tournois de poker.
D : Zwangere guy a un album vraiment fou, câest un rappeur bruxellois qui chante surtout en flamand.
E : Shht, lâalbum est encore une expĂ©rience trĂšs bizarre Ă vivre. Câest vraiment un mĂ©lange de studio et de live, ce groupe, mais câest hyper bien !
On peut peut-ĂȘtre conclure sur vos projets ? Est-ce-que vous avez un nouveau disque qui va sortir ?
D : Oui, on est en train dâen discuter avec le label. Câest ça ĂȘtre professionnel, on est prĂȘts mais, pour sortir un disque, il faut 7 mois Ă partir du moment oĂč il est fait ! Pour en revenir Ă tes premiĂšres questions sur le pourquoi de notre label, JB de Born bad Ă©tait Ă©ventuellement intĂ©ressĂ© pour sortir notre deuxiĂšme disque mais ça aurait pris un an Ă cause du planning, de la promo, etc. et on voulait le sortir vite. Il Ă©tait dĂ©jĂ prĂȘt depuis plusieurs mois. Ici, câest pareil. On va lâenregistrer pendant la premiĂšre moitiĂ© de lâannĂ©e 2020. On aura le mix et le master au milieu de lâannĂ©e et le label a besoin dâau moins six mois pour le sortir. Philippe est un puriste du vinyl, il travaille avec une usine qui est implantĂ©e en France, donc voilĂ .
Vous allez lâenregistrer avec Laurent ?
M : Ca se discute et, pour le moment, câest encore secret !
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